Acheter un Gevrey village à 40/75€, ca vous tente ?
Un chambertin grand gru qu’on achetait 100€ en 2010 aujourd’hui proposé à 400/500€, ca vous dit ?
Ils sont nombreux les amateurs qui, comme moi, n’arrivent plus à acheter les grands vins de Bourgogne et depuis un moment !
(même si tous les vignerons ne sont pas à mettre dans le même sac)
Il y a les alternatives locales avec les vins du Maconnais ou de Chablis par exemple et les Pinot Noir d’ailleurs (par ex au D. Tessier puisque les cuvées de Pinot de J Bretaudeau et H Bizeul sont elles aussi hors d’atteinte) .
Et n’a t’on pas autant de plaisir avec une grande Syrah ou un beau Chenin ?
En tout cas, je me réfugie avec délectation dans ces régions.
Mais revenons à la Bourgogne: J’entendais récemment plusieurs cavistes dire qu’ils n’arrivaient plus à suivre.
– L’un allait arrêter son allocation au domaine Carillon car « les clients n’achètent plus ».
– L’autre allait stopper son allocation chez Chandon de Briailles, par ailleurs très bon…mais les Corton ont je crois, doublé de prix en 2 ou 3 ans.
– Mon petit caviste à côté : « Ils ont perdu la tête, moi je vais finir par proposer 1 Bourgogne rouge et 1 Bourgogne blanc et ce sera tout ».
Pareil du côté des enchères : Les vins de Bourgogne affichent selon Idealwine une baisse de -9% sur 12 mois (contre -4% à Bordeaux). Et lors de la vente des Hospices de Beaune les prix ont baissé de 30% sans que la qualité du millésime soit mise en cause.
Oui mais…en Mars dernier les vignerons présents aux Grands Jours de Bourgogne semblaient assez loin de cette réalité : Ils donnaient toujours l’impression de n’avoir rien à vendre.
Et c’est vrai que je voyais pas mal d’étrangers demander s’il y avait possibilité de distribuer les vins dans leur pays. Les réponses étaient toujours negatives, « les places sont prises ». Cela donnait l’impression que la demande, si elle n’était pas au RDV en France, pouvait suivre alleurs.
Et puis il y a cette pression du foncier, car le prix des transactions ne faiblit pas, ce qui n’incite pas à la raison …
Lors d’une dégustation Manuel Peyrondet, meilleur sommelier 2008, semblait pourtant dire que les importateurs tournaient au ralenti depouis le début de l’année 2024.
Morosité économique oblige, on a atteint « un plafond de verre » disait il. Un vigneron semblait aussi dire que depuis peu « les vignerons bourguignons répondaient à nouveau au téléphone… ».
On voit d’ailleurs Bordeaux se calmer en proposant ses primeurs 2023 à -30%. Est ce que Bordeaux va (re) montrer l’exemple à la Bourgogne ? Le marché a parlé, les « grands » vignerons de Bourgogne l’écouteront-ils ?
En fin de compte, j’espère pouvoir faire gouter à mes enfants les vins qui ont fait le prestige de la Bourgogne…